Il est à bout. Traits tirés, joues creuses, regard las. Xavier Mathieu se tient courbé face aux trois magistrats du tribunal de grande instance de Compiègne (Oise). La voix est toujours sonore, mais l’homme a perdu une partie de son charisme. Justifier faits et gestes devant la cour : la tâche est moins aisée que galvaniser les 1 120 camarades de Continental. Le délégué CGT du site de Clairoix, 44 ans dont vingt-deux années passées chez l’équipementier automobile, comparaissait vendredi avec six de ses anciens collègues pour avoir saccagé la sous-préfecture de Compiègne le 21 avril.
C'est sa «grande gueule» et son sens inné de la mobilisation qui ont projeté Xavier Mathieu au premier plan d'un des conflits les plus médiatisés de France. Depuis le 11 mars, date à laquelle il a appris la fermeture de l'usine de Clairoix, le syndicaliste a mené les salariés dans une trentaine de manifestations et les a représentés dans des centaines d'interviews. Aucun débordement. Jusqu'au «dérapage» de Compiègne.
Rage. A 15 heures, le 21 avril, près de 200 «Contis» investissent les bureaux administratifs pour s'entretenir avec la sous-préfète et tenter de décrocher des négociations tripartites (Etat, syndicats, patronat). Mais Sabrina Belkhiri-Fadel est absente. Personne ne peut la joindre. «Au même moment, on a appris la décision du tribunal de Sarreguemines [Moselle, ndlr] qui entérinait la fermeture de l'usine. Ça a été comme la foudre qui s'abattait su