Douglas J. Elliott, de la Brookings Institution, est consultant sur les institutions financières publiques et privées. Ancien banquier d’affaires de JP Morgan, il a présidé le Centre sur les institutions financières fédérales.
Plusieurs banques américaines annoncent des bénéfices records et recommencent à verser de copieuses primes à leurs traders et cadres dirigeants. Est-ce le signe de la guérison de Wall Street ou du retour de l’arrogance ?
Les primes démesurées des employés des banques d’affaires me dérangent autant que les salaires démesurés des acteurs d’Hollywood, des stars du football, des journalistes de la télévision ou des PDG. Mais notre système est fait pour récompenser les employés qui rapportent de l’argent à leur société. Il est important de comprendre que les salariés à qui l’on demande d’être très performants 365 jours par an sont responsables de leur propre rendement au sein de la banque qui les emploie. Ils sont supposés, par leurs rapports avec les clients, par leurs talents de marketing ou leur sens du marché, vaincre la concurrence et s’élever à un niveau senior, très prisé. Ces compétences signifient aussi qu’ils peuvent à tout moment partir travailler pour une autre banque ou un hedge fund s’ils pensent pouvoir y gagner plus.
Un rapport du ministère de la Justice américain épingle des banques qui ont versé l’an dernier, alors qu’elles étaient renflouées par l’Etat, des primes dépassant parfois leurs bénéfices. Les primes ne sont pas alignées sur les résultats de l’entreprise ?
Chaque année, la banque d’affaires s’attend à payer - et les employés s’attendent à recevoir - une moyenne de 40 à 50 % des revenus engrangés par la société. C’est la politique qui prévaut à Wall Street. Ce pourcentage peut augmenter quand les revenus baissent, les rémunérations n’étant pas supposées baisser, mais ce pourcentage peut aussi baisser en période de grande rentabilité. Le montant des primes accordées l’an dernier, représentait 44 % des