L’irresponsabilité sociale dont fait preuve l’establishment financier donne désormais le vertige. Voilà des dirigeants dont les excès ont provoqué la plus forte récession depuis la guerre, jeté à la rue des centaines de milliers de salariés et provoqué l’apparition de déficits abyssaux dans les comptes des grands Etats. Après quelques paroles de contrition destinées à endormir l’opinion, les voilà qui reprennent, comme si de rien n’était, le cours de leurs pratiques scandaleuses. Les émigrés d’aujourd’hui ne sont plus à Coblence. Ils ont pignon sur Bourse dans les principales places financières et se targuent officiellement de n’avoir rien oublié ni rien appris de la crise mondiale.
Libération révélait, il y a deux jours, que l'une des principales banques françaises (elle n'est certainement pas la seule) continuait comme avant de verser des bonus himalayens à ses traders, professionnels de la spéculation dont l'utilité sociale et économique est hautement douteuse.
On a appris hier, par une indiscrétion du Nouvelobs.com, que l'un des principaux dirigeants de sa rivale était fortement soupçonné de délit d'initié. Il a reconnu, en tout cas, qu'il avait vendu la moitié des titres de sa propre société par lui détenus «pour avoir l'esprit plus tranquille». Il aurait pu ajouter : «et les poches plus pleines.»
Au cœur de l’été, le gouvernement s’est ému de cette conjonction des scandales financiers et convoqué les banquiers de la place à Matignon. On ose espérer qu’i