A l’heure où la spéculation est devenue un gros mot et les traders des gens peu fréquentables, la finance islamique fait figure de grand manitou, avec l’éthique pour leitmotiv et une pléiade d’enseignements : prohibition de l’intérêt, de l’usure et de la spéculation, partage des bénéfices et des pertes, interdiction d’investir dans des activités jugées illicites (comme l’alcool, les jeux de hasard, le tabac, l’armement ou le commerce du porc).
Si les banques européennes tendent l’oreille vers cette nouvelle façon de penser la finance, ce n’est pas pour la beauté du concept ou pour entreprendre une cure de «désintox» après des années d’excès. Non, c’est bien pour les perspectives financières que laisse entrevoir ce nouveau marché. Une niche, certes, mais estimée à 700 milliards de dollars (500 milliards d’euros), soit autant que le plan Paulson lancé par les Etats-Unis pour sauver ses banques.
Essaimer. Pour Elyès Jouini, directeur de l'Institut Finance Dauphine, coordinateur du nouveau master et coauteur d'un rapport sur l'épargne islamique, «la France pourrait attirer 100 milliards d'euros d'ici 2020, grâce aux investissements des pays islamiques, notamment ceux du Golfe». Les avantages, pour l'Hexagone, à jouer un rôle dans la gestion de cette épargne sont nombreux : «Assurer un meilleur financement de la balance des paiements, le financement à long terme de l'économie ou participer à la création d'emplois.» Que l'on ne s'