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Libération

«Lock-out» à la mode américaine ou pas ?

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publié le 12 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 12 août 2009 à 6h51)

Quand les syndicats de l'équipementier Molex ont appris la décision de la direction américaine de fermer l'usine, ils ont crié au «lock-out», une méthode typiquement nord américaine (la semaine dernière, le géant de l'acier US Steel a ainsi privé de travail 150 employés d'une usine canadienne de l'Ontario) et illégale en France, à de très rares exceptions.

En réalité, la fermeture de Villemur-sur Tarn ne correspond pas exactement à la définition du lock-out. Les syndicats évoquaient leur crainte de voir l'entreprise déménager en douce les machines et les stocks, mais le vrai lock-out poursuit un autre but et vise plutôt à diviser pour mieux régner. Il s'agit pour une direction de fermer un site, et de priver de travail - et donc de salaire - les non-grévistes… en espérant qu'ils fassent pression sur les grévistes (qui sont par principe non payés) pour faire cesser le conflit. Or, dans le cas de Molex, la petite dizaine de non-grévistes (des cadres essentiellement) ont été renvoyés à la maison lors de la fermeture, mais payés. En France, un employeur a obligation de fournir un travail à un salarié avec qui il a signé un contrat. Si le salarié privé de salaire se retourne vers les prud'hommes, les juges contraindront l'employeur à lui verser ses arriérés de salaire à moins de prouver un cas de force majeur : impossibilité d'assurer la sécurité des personnes par exemple, ce que Molex avait plaidé pour obtenir le droit de fermer le site. Les juges l'ont