«Les vacances, c’est ce qui permet le mieux de sentir les tendances de fond d’une société. Et ce mouvement de retour à des valeurs comme la famille ou la nature, on le sent de plus en plus. Il y a vingt ans, le tourisme c’était sea, sex and sun. Aujourd’hui, il est plus lié à l’affectif (la famille ou les amis), et à la quête de sens. On voit bien qu’avec la crise économique, les valeurs de marchandisation sont en net recul. Beaucoup de gens consomment moins non seulement parce qu’ils y sont forcés mais aussi, inconsciemment ou pas, parce qu’ils veulent être en harmonie avec une société qui souffre.
«Les vacances sont un miroir de nos interrogations. Ainsi, le bling-bling ne fait plus rêver, il provoque même un rejet. Avoir des vacances plus écologiques, plus solidaires, plus affectives, c’est considéré comme plus honorable. A prix égal, si on a le choix entre vacances écologiques et vacances de pure consommation, on choisira plutôt les premières.
«Et je pense que c’est un mouvement de fond. Longtemps, la culture de l’entreprise a été la valeur dominante de notre société. Il fallait mettre de la performance partout : dans le couple, au lit, au boulot, en vacances… La crise a mis un terme à cette idéologie-là, et accentué une prise de conscience écologique qui émergeait. Le phénomène du développement durable va devenir de plus en plus une idéologie collective, remplaçant progressivement l’idéologie du progrès.»
Jean Viard a publié Lettre aux paysans et aux autres sur un m