«On devrait être au travail, mais on a dit à notre chef qu'on allait faire nos courses.» Maryline, Véronica et Céline hésitent. «Je me demande si c'est une vraiment une bonne affaire, lâche la première. Je pense que c'est moins cher sur le marché». «Mais par rapport aux grandes surfaces, il n'y a pas photo. Après, il faut savoir si la qualité suit», renchérit Véronica. Elle inspecte quatre melons, les soupèse, les sent: «Ils ont vraiment l'air bons.» C'est décidé, les trois collègues passent à l'achat.
Derrière l'étal, des militants communistes et des producteurs de fruits et légumes du Lot-et-Garonne. Il est 9 heures devant la mairie d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Le Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux) organise, comme tous les ans, sa vente directe de fruits et légumes. Du producteur au consommateur, sans passer par les intermédiaires habituels, centrales d'achat et grandes surfaces. L'objectif: dénoncer les «marges abusives» pratiquées par la grande distribution.
20 tonnes
L'opération, d'habitude organisée au pied de la tour Eiffel ou place de la Bastille à Paris, a été déplacée en banlieue, pour toucher les classes populaires. «Nous sommes partis hier soir vers 20 heures du Lot-et-Garonne», raconte Marie-Renée, femme d'un producteur de fruits et légumes à la retraite, en arborant son tee-shirt «mort de l'agriculture familiale = désertification de nos campagnes». Une vingtaine de tonnes de tomates, mel