CAUDAN (Morbihan), envoyée spéciale
Un restaurant d'entreprise comme on en voit tant d'autres. Quelques ouvriers déjeunent à voix basse, en bleu de travail. C'est dans ce grand espace un peu sombre que les 550 salariés de la Société bretonne de fonderie et de mécanique (SBFM), en redressement judiciaire depuis novembre, ont appris la bonne nouvelle : le retrait de l'équipementier automobile espagnol CIE Automotive, dont le dossier de rachat prévoyait 220 licenciements. Mieux, Renault a décidé de reprendre la fonderie, dix ans après l'avoir cédée, et s'engage à «maintenir l'activité sur le site ainsi que l'ensemble des emplois».
Accouchement. «J'ai ressenti une émotion jamais vécue en trente et un ans dans l'entreprise. Même les grosses brutes de l'usine pleuraient de joie», se souvient Pierre Le Ménahès, 50 ans, secrétaire CGT de la fonderie, implantée dans la bourgade de Caudan (Morbihan) et actuellement gérée par un administrateur judiciaire. Sa «plus belle histoire d'amour sociale», comme il la décrit. Il s'y voit encore le 26 juin, lorsqu'après une matinée harassante de négociations avec Renault et les pouvoirs publics, à la préfecture de Vannes, sa voix a résonné dans la salle bondée du réfectoire : «On a demandé l'impossible, et on l'a obtenu. Hasta siempre.» Pour toujours. Référence à Ernesto «Che» Guevara, son idole en matière de lutte sociale, dont le portrait orne chacun de ses tee-shirts.
Impossibl