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Analyse

Les stratégies de la visibilité

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Pour attirer l’attention des médias, les salariés en colère redoublent d’imagination.
publié le 22 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 22 août 2009 à 6h51)

Ah, si tous les salariés en colère pouvaient être comme les Chaffoteaux et Maury… S’effeuiller plutôt que menacer de tout faire sauter. Voilà qui éviterait maints déchirements aux syndicalistes (accompagner les mouvements radicaux ou risquer de se faire déborder ?) et aux politiques (faire la sourde oreille ou rappliquer à la première bonbonne de gaz, quitte à encourager les plagiats ?).

Depuis la crise, dans les journaux, un débrayage chasse l’autre. Les salariés en difficulté ont compris qu’il fallait faire parler d’eux autrement. Certains optent pour l’originalité (tels Chaffoteaux et Maury, ou les salariés d’une PME sarthoise qui ont mis leur grève en ligne sur Facebook), d’autres pour la radicalité (même si les séquestrations restent rares - une vingtaine cette année, selon le cabinet Syndex). Et les cadres s’y sont mis : les Faurecia ont enfermé quelques heures leurs dirigeants en avril, et les Nortel ont disposé des bonbonnes devant leur usine en juillet.

Etalon. Pour la visibilité, pas de doute, ça marche : les Français auront davantage entendu parler du conflit des Continental de Clairoix (et de leur invasion de la sous-préfecture de Compiègne) ou des Caterpillar de Grenoble (et de la séquestration de leurs dirigeants) que des mobilisations d'ABB (un groupe d'ingénierie qui prévoit 540 suppressions d'emplois) ou du centre d'appel Teleperformance (157 emplois en moins). Avec les 50 000 euros d'indemnités supralégales décrochées, les Continental sont de