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Libération
EDITORIAL

Rire amer

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publié le 22 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 22 août 2009 à 6h51)

Qui a vu le film The Full Monty, la comédie sociale britannique sortie en 1997, a pleuré. De rire et de bon cœur, parce que le film est drôle. Mais aussi d'un rire amer comme une gorgée de bière brune, avalée un soir de grève dans le nord de l'Angleterre. Douze ans après, du côté de Ploufragan (Côtes-d'Armor), des salariés menacés de licenciements ont décidé de rejouer ce strip-tease social en posant (presque) nus devant un photographe pour publier les clichés sous forme de calendrier. Différente des séquestrations de patrons et des bonbonnes de gaz qu'on menace de faire exploser, cette mise à nu peut mettre mal à l'aise. Il n'y a pas à se réjouir de voir la négociation médiatique se substituer à la négociation sociale. Mais comment reprocher à ces salariés de jouer le jeu des médias quand des figurantes ont été rameutées cette semaine pour soigner la com' de rentrée d'un ministre, Luc Chatel en l'occurrence…

Surtout, ces corps dénudés nous disent symboliquement qu’il y aura, derrière les images, des existences fracassées, des hommes et des femmes, dans la vraie vie, qui se retrouveront «à poil» dans quelques mois. Le gouvernement a pour le moment la décence de ne pas trop la ramener sur l’air de la reprise qui arrive. Il sait que la machine à broyer l’emploi ne tourne pas encore à plein régime. Mais dans les secteurs financiers, bancaires, dans les hautes sphères économiques, on sent qu’après la période du gros dos face au haro, l’impatience pointe pour, de nouveau