Gramsci écrivait : «L'ancien monde se meurt, le nouveau n'est pas encore là, dans ce clair-obscur surgissent les monstres.» Certes. Mais dans cet entre-deux surgissent aussi, rugissant, ceux qui à cheval entre ces deux temps sont bien trop révoltés pour laisser ensevelir le flot de leurs espérances par le sable de la résignation, trop attachés à leur droit à l'avenir pour rendre les armes face à la fatalité de l'époque, assez fiers pour assumer leur devoir de combat…
Cédric Lietchi est de ceux-là. Petit-enfant de l'Etat-providence et de la banlieue rouge que l'on avait enterrés trop vite sans lui demander son avis, enfant de la crise avec laquelle il a grandi et rejeton naturel d'une radicalité syndicale nouvelle, il est, à 34 ans, le patron de la fédération CGT mines et énergie de Paris. Il mène la danse d'un mouvement social larvé qui n'en finit plus de secouer jusqu'à faire trembler l'édifice de ces institutions que sont EDF et GDF (devenue GDF-Suez). «Le plus dur, le plus long, le plus radical» qu'ait jamais connu le secteur de l'énergie en France. En haut lieu, on redoute le sous-approvisionnement général, la pénurie nationale d'électricité. Il se murmure que le mouvement pourrait coûter sa place à Pierre Gadonneix, l'actuel PDG. Alors, on durcit le ton. Cédric Lietchi aussi. Les mises à pied deviennent automatiques, les mesures disciplinaires systématiques, les gardes à vue deviennent le lot commun des syndicalistes mobilisés. En juin, lors d'une confé