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Libération

Les étrangers, dernière roue des récoltes

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Patrick Herman, paysan-journaliste, dénonce les conditions de travail dans les exploitations.
publié le 25 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 25 août 2009 à 6h52)

On le voit dans un café du XXe arrondissement et il dit : «Quand j'étais prof, j'ai habité à Paris.» On opte pour un thé aux fruits rouge, il coupe : «J'ai été producteur de fruits rouges, ça me fait plaisir que vous preniez ça…» Patrick Herman a eu plusieurs vies. Aujourd'hui, il est «paysan-journaliste», adhérent à la Confédération paysanne. Il cultive des pommiers près de Millau et mène des enquêtes sur le monde paysan ou la santé au travail. Un livre est sorti cet hiver : les Nouveaux Esclaves du capitalisme (Au diable vauvert), consacré aux saisonniers étrangers de l'agriculture et à leurs conditions de travail déplorables, en France et en Espagne notamment.

Tensions. Leur situation n'est pas nouvelle mais avec la crise, elle se dégrade. En Espagne, les ouvriers du bâtiment entrent en concurrence avec les saisonniers migrants (lire ci-contre). Les tensions entre Espagnols et étrangers sont grandes, entre étrangers aussi. Les Roumains travaillent à Séville pour 25 euros, du lever au coucher du soleil. Les Thaïs et les Vietnamiens sont arrivés récemment à Cordoue, via les sociétés prestataires de service, conte Herman.

Les chapitres de son livre suivent les étapes et les allers-retours des saisonniers. A Huelva, en Espagne, Herman a rencontré des Hongroises à qui les employeurs ont confisqué le passeport. A Almería, il a croisé Salah, dans un fauteuil roulant, victime d'une intoxication aux pesticides. Alors qu