C'est une usine presque en bord de mer, dans le quartier de la Madrague de Montredon, en bordure des calanques, dans le sud de Marseille. L'entreprise Legré-Mante, qui produisait de l'acide tartrique à partir de résidus de vinification récupérés dans les cuves vinicoles, a fermé ses portes en juillet, après une liquidation judiciaire mettant 50 employés au chômage. Le 13 août, trois salariés qui occupaient l'usine ont été délogés, sans violence, par les CRS. Hier, une délégation est revenue dans les murs : «Quinze jours après avoir été attaqués par les CRS, les salariés de Legré-Mante ont repris le contrôle de leur outil de travail !» se réjouissait Patrice Kantarjian (CGT). Qui assurait : «Cette terre est une terre ouvrière. Cette terre restera une terre ouvrière !»
Selon les salariés licenciés, leur patron, le groupe Margnat, spécialisé dans le négoce de vin, aurait reçu une proposition immobilière valorisant les 17 hectares du site à 42 millions d'euros. Auxquels il faudrait soustraire la facture de la dépollution, 6 à 8 millions d'euros selon les salariés. «La famille Margnat voulait jeter 48 ouvriers au chômage pour mieux se livrer à la spéculation immobilière», tonne Patrice Kantarjian.
«Sabotage». La direction du groupe, injoignable hier, a plutôt invoqué la concurrence asiatique et les problèmes de pollution pour justifier la liquidation judiciaire, prononcée le 23 juillet. Un éventuel repreneur, Orrion Chimie, une SARL créée