«Salut, vous êtes sur le portable de Xav', un des 1120 futurs chômeurs de chez Continental. Ben j'suis pas là. Laissez un message.» Tout y est, dans ces quelques notes de répondeur. Le ton gouailleur, la voix assurée, le langage franc. Xavier Mathieu, on a l'impression de le connaître depuis longtemps. Sans doute parce que d'entrée, il tutoie. Et pose sur vous ce regard engageant, un chouia malicieux, qui fait frissonner les femmes et enhardit les hommes. Il faut dire, aussi, que depuis six mois il est abonné aux manchettes des journaux. Un jour meneur de lutte des «Contis» de Clairoix, une autre fois prévenu au tribunal de grande instance (TGI) de Compiègne, ou encore délégué CGT qui fait trembler Bernard Thibault et consorts. L'homme est entier mais aussi multiple.
S'il y a un bien une chose que ne conçoit pas Xavier Mathieu, c'est qu'on veuille le ranger dans une case. Quand on tente de lui coller l'étiquette Lutte Ouvrière ou Nouveau Parti Anticapitaliste, il voit rouge. Non qu'il ait une dent contre l'extrême gauche. Au contraire. Mais il craint de se sentir «parqué». Dit vouloir rester un «électron libre». «Attention, je ne suis pas une girouette. J'ai des idées», tient à préciser l'admirateur de José Bové, qui vote Verts à chaque scrutin. Seule exception: aux élections européennes, il a glissé un bulletin Lutte Ouvrière dans l'urne pour remercier Roland Szpirko, ancien élu régional LO de l'Oise, devenu son mentor lors du con