Notre pinasse avance sur les eaux brunes de la Sangha dévorées par une forêt verdoyante. Après une heure de voyage poussif, ralenti par les caisses de provisions qui plombent l’embarcation, la brousse s’éclaircit peu à peu, jusqu’à laisser place à des terrains rouges de roche latérite, entièrement dégagés. Bienvenue à Pokola, fief de la Congolaise industrielle des bois (CIB), installée au nord de la république du Congo depuis quarante ans.
Perfusion. Auparavant inaccessible, le village bouillonne aujourd'hui, animé par ses écoles et ses hôpitaux, grandi par ses emplois et ses logements améliorés. Ce fatras de centaines de baraques en planches est dominé par une immense antenne qui connecte les téléphones portables dans un rayon de cinq kilomètres. Autant d'investissements consentis par l'exploitation forestière, notamment depuis que celle-ci est certifiée FSC (Forest Stewardship Council), un modèle en terme de gestion durable et de soutien aux populations locales. «Pokola est même une des seules villes du pays à être alimentée en électricité sans coupures. C'est loin d'être le cas à la capitale, Brazzaville !» ajoute Olivier Desmet, chef de la cellule d'aménagement de la CIB. Mais ce village sous perfusion permanente pourrait vaciller avec la crise économique mondiale, qui ravage le secteur forestier.
En brousse, le vacarme des immenses troncs de sapellis sciés s'effondrant au sol a pratiquement cessé. «Nous n'avons presque plus de commandes<