Alors bluff ou pas bluff ? Hier, le porte-parole de la puissante Association suisse des banquiers s'est permis de douter de l'authenticité de la fameuse liste des 3 000 évadés fiscaux français, brandie, depuis dimanche, par le ministre du Budget, Eric Woerth. «Nous sommes vraiment déconcertés par cette annonce du gouvernement français», a reconnu le porte-parole. On le serait à moins.
Car, de deux choses l’une : ou Woerth dit vrai et cela signifie que le secret bancaire suisse n’est plus qu’une vaste plaisanterie, ou il bluffe et il faut alors saluer l’opération de communication de Bercy.
Jusqu'à présent, le ministre du Budget s'est bien gardé de révéler comment il avait mis la main sur ces 3 000 noms. Il a juste indiqué que «deux établissements bancaires nous ont fourni spontanément un certain nombre de noms de leurs clients qui ont ouvert des comptes [en Suisse, ndlr] sans que l'administration fiscale en soit informée». Pourquoi deux banques suisses auraient-elles balancé le nom de leurs clients à Paris au risque de créer une saignée pour toute l'industrie bancaire helvétique ? Contre quelles contreparties ? Mystère.
Hier, Eric Woerth est revenu à la charge en déclarant que sa liste «n'est pas du bluff, c'est la vérité. On ne bluffe pas avec ce genre de choses». Et de préciser qu'il ne veut pas donner les noms figurant sur sa liste dans l'immédiat afin d'inciter l'ensemble des fraudeurs à régulariser leur situation avant la fin de l'année.