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Libération

Les chantiers fantômes du plan Zapatero

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Espagne. Pour créer des emplois, le gouvernement subventionne des travaux municipaux. Même inutiles.
publié le 9 septembre 2009 à 0h00

A Málaga, on a enterré des containers d'ordures. A Tarragone, repeint les feux en vert olive. A Gérone, couvert de bitume des rues déjà asphaltées. A Valence, changé le revêtement de pistes cyclables en bon état… Sans compter tous ces obras (chantiers) et ces fosses creusées sans raison dans les centres-villes. En Espagne, on compte 30 000 chantiers de ce type, au coût inférieur à 5 millions d'euros, souvent d'utilité douteuse. Si beaucoup s'apparentent à des rustines, c'est que le but n'est autre que de créer des emplois, quels qu'ils soient. C'est le Fonds d'investissement local pour l'emploi, ou «plan Zapatero».

Depuis le début de l'année, il a donné 8 milliards d'euros aux municipalités espagnoles afin d'endiguer le raz-de-marée d'un chômage passé, en moins de deux ans, de 8 % à près de 18,5 % des actifs, le pire chiffre en Europe. Un effort qui n'a pas été vain. Le plan Zapatero apporte de l'argent frais qui double le budget municipal global annuel. «Un cadeau des rois mages», dit José Castro, le président de la Fédération des municipalités. Cette manne tombe du ciel, en effet, car les caisses locales sont vides après l'hécatombe du bâtiment, secteur qui, pendant quinze ans, a permis aux mairies de s'enrichir, de façon plus ou moins légale.

Non sans ironie, le ladrillo (la brique), qui a dopé puis plombé l'économie, sert aujourd'hui à limiter la saignée du chômage. Le gouvernement parle de 410 000 nouveaux emplois, la presse estime cependant que