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Interview

Hubert Védrine : «L’Occident ne peut plus gérer seul»

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publié le 14 septembre 2009 à 0h00

Hubert Védrine, membre du PS, a été ministre des Affaires étrangères de mai 1997 à mai 2002.

«Il n’y a pas eu d’inversion de tendance globale. La fin du monopole occidental dans la conduite des affaires du monde - qui n’est pas, il faut le préciser, la fin de sa puissance - avait commencé avant la crise. Ce phénomène historique a néanmoins été accéléré. Sans la crise, il n’y aurait pas eu le G20, à la fois preuve et concrétisation du fait que les Occidentaux ne peuvent plus gérer seuls la marche du monde. En 1989, François Mitterrand avait déjà tenté d’élargir ce qui était alors le G7 en invitant une dizaine de dirigeants de pays émergents pour un sommet Nord-Sud, espérant instaurer des consultations régulières autour de l’économie et du développement. Sans succès. Jacques Chirac avait invité vingt-sept dirigeants de la planète à Evian en 2003, mais il n’y pas eu de suivi. Il a donc fallu attendre cette crise pour que Nicolas Sarkozy puisse obtenir un tel sommet d’un George W. Bush affaibli et en fin de mandat. Désormais, il est impossible de revenir en arrière. Peut être le G20 sera -t-il dans l’avenir resseré en un G14 mais en tout cas on ne peut pas le "désinventer".

«Cette réalité créée par la crise ne signifie pas pour autant une montée en puissance égale de tous ces nouveaux acteurs. Elle est claire par exemple pour la Chine, dont l’interdépendance économique, monétaire et commerciale avec les Etats-Unis est toujours plus évidente. La montée en puissanc