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Libération

Combien ça coûte, en vrai ?

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publié le 22 septembre 2009 à 0h00

Dans une économie de marché, disait l'économiste Marcel Boiteux, les prix «sont faits pour dire les coûts comme les horloges sont faites pour dire l'heure». La crise écologique et la crise financière suggèrent que le système des prix, au cœur de la matrice d'une économie de marché, s'est peut-être déréglé.

Sur le vrai coût des activités polluantes, le problème est désormais bien compris : celui qui produit ou consomme un bien polluant n’en paie pas le vrai prix, le vrai coût infligé à la société. Du fait de ce que les économistes appellent une externalité, il n’y a plus adéquation entre coût privé et coût social, condition pour que la main invisible permette aux décisions individuelles d’aboutir à une situation optimale pour la société.

Le problème est d’autant plus aigu que le vrai coût est supporté par des habitants d’autres pays ou des générations pas encore nées. Comme l’a rappelé le rapport de la commission Stiglitz - Sen - Fitoussi remis cette semaine, face à un tel écart, le PIB devient aussi une mesure fausse du bien-être. La solution à ce problème est comprise depuis longtemps (les travaux de l’économiste anglais Pigou sur le sujet datent de 1920) : cela consiste à retrouver par la taxation le prix vrai et à faire coïncider à nouveau coût privé et coût social. La même inadéquation entre coûts privé et social - celui de la prise de risque - a été révélée par la crise financière. La titrisation conjuguée au laisser-faire des autorités de régulation a permis aux