«Le capitalisme ne peut pas continuer comme avant.» C’est pourtant bien ce qu’il a l’intention de faire. La martiale simplicité avec laquelle Nicolas Sarkozy a résumé hier soir ce qu’il comptait dire au G20 est de bon aloi. On ne doutera pas de sa bonne foi lorsqu’il veut modérer les excès les plus symboliques de la finance. On notera volontiers que lui et quelques autres chefs d’Etat ont obtenu un début de résultat en matière de lutte contre les paradis fiscaux.
Seulement voilà : le président français est aussi le représentant d’une majorité et, plus largement, l’intelligent commis d’une certaine classe dirigeante. Politique avant tout, il mesure le ressentiment populaire à l’égard des responsables de la crise, qui en sont, comme nous le démontrons ici, les principaux bénéficiaires. Mais il est aussi solidaire, par son itinéraire, par ses choix philosophiques, d’un monde, celui de l’argent, qui ne veut aucune réforme substantielle et rechigne même à faire les gestes limités qui pourraient donner le change. Exemple : une réforme limiterait les risques inhérents aux pratiques de casino qui continuent de dominer les marchés financiers, celle de la séparation entre banques normales et banques vouées à la spéculation. On n’en parlera pas à Pittsburgh et le président lui-même n’évoquera pas la question. Pourquoi ? Parce que cette séparation limiterait la puissance des grands de la finance. Ainsi l’énergie sarkozienne trouve sa limite naturelle : celle des intérêts de la classe soc