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Libération
Interview

«Une grande causerie sans changements radicaux»

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Pour Bruno Amable, chercheur, le G20 se borne à un diagnostic :
publié le 28 septembre 2009 à 0h00

Bruno Amable, nouveau chroniqueur à Libération, a travaillé sur les diversités des systèmes économiques et sociaux dans la mondialisation. Dernière parution : les Cinq Capitalismes, au Seuil.

Les mesures prises par le G20 vont-elles dans le sens d’une refonte du capitalisme mondial ?

Absolument pas. Pourtant, tout le monde se souvient des déclarations des chefs d’Etat lors du sommet du G20 à Londres, il y a cinq mois. Il allait, promettaient-ils, refonder le capitalisme. Or, qu’avons-nous vu ? Un diagnostic et des mesures qui tournent le dos à ces belles déclarations. Le G20 se borne à un diagnostic : la crise actuelle ne serait pas une crise du capitalisme, mais une crise du secteur financier, bancaire plus précisément. Que le G20 résoudrait par une plus grande réglementation.

N’est-ce pas trop pessimiste ? Le G20 a évoqué d’autres aspects de la régulation : bonus, paradis fiscaux, commerce mondial, climat…

Il a oublié la pauvreté. Pour le reste il a fait ce que le G8 faisait à huit : une grande causerie sans changements radicaux. Le G20 ne remet pas grand-chose en cause. Les paradis fiscaux ? Attendons de voir. Pour l’essentiel, Pittsburgh a fait comme si le système était finalement bon. Je veux parler du système capitaliste financiarisé. Il suffisait donc de l’encadrer pour avoir moins souvent des crises financières… C’est ce qu’il fait en promettant de renforcer les règles prudentielles des banques. En exigeant qu’elles augmentent leurs fonds propres de manière à ralentir la marche des risques qu’elles prennent et font courir.

Pourquoi êtes-vous si dubitatif ?

Parce que le système actuel contient toujours en lui les éléments qui ont participé aux déséquilibres et, in fine, à la crise : une alliance des institut