Le modèle allemand de capitalisme organisé reposait sur la complémentarité entre organisations syndicales et patronales puissantes, disposant du monopole de représentation de fait, négociant des conditions de travail uniformes s’appliquant à une grande variété de firmes et de secteurs. Il conduisait à une faible dispersion des salaires, homogénéisant les différentes catégories de salariés, renforçant la communauté d’intérêt et le monopole de représentation du côté syndical et patronal.
La désorganisation du modèle résulte de l’accroissement de la pression concurrentielle exercée et subie par les firmes et de la politique de réformes mise en œuvre par les gouvernements Schröder. Orientées vers l’exportation, les grandes entreprises qui dominaient les associations d’employeurs ont exigé des PME des baisses de prix, les mettant en concurrence avec des sous-traitants étrangers. Cette pression à la baisse des coûts a rendu les accords salariaux de branche plus difficiles à supporter pour les PME et a conduit à les faire sortir autant que possible du cadre des négociations de branche. Les divergences entre PME et grandes firmes ont contribué à remettre en question la représentativité des organisations patronales. Les grandes firmes, converties aux normes du capitalisme financiarisé, ont, elles aussi, substitué aux compromis de branche des compromis spécifiques unissant actionnaires et direction aux salariés les plus qualifiés.
Cette tendance à la décentralisation des négociations sa