Ce sera le gros morceau de l'examen du budget 2010. Un déficit budgétaire de 141 milliards d'euros n'a pas empêché le gouvernement de s'attaquer à cet Himalaya de la fiscalité française : la taxe professionnelle, TP pour les intimes. Occupant 60 pages à elle seule, un record dans les annales de la littérature parlementaire, sa réforme provoque une fronde des élus de tous bords contre l'exécutif. Motif de ce mécontentement des «territoires» contre l'Etat ? Conçu pour profiter au plus grand nombre possible d'entreprises, ce grand toilettage de la fiscalité locale voulu coûte que coûte dès cette année par Nicolas Sarkozy risque de fragiliser les recettes de régions, départements et communes qui tirent la moitié de leurs ressources de la TP (l'autre moitié provient de la taxe d'habitation et de la taxe foncière, acquittées par les ménages). Comme le résume un député, «le volet fiscal est simple, c'est 11,7 milliards d'euros de baisse d'impôts pour les entreprises en 2010 et 5,6 milliards annuels ensuite. Alors que le volet collectivités locales est ultra-compliqué avec en ligne de mire un appauvrissement de leurs moyens et une augmentation des impôts des ménages.» La crainte des élus est légitime : que se passera-t-il lorsque, rappelé à l'ordre par Bruxelles et les marchés, l'Etat sera obligé de couper net dans ses «dotations» aux collectivités locales ?
Mise en place par Jacques Chirac en 1975 lorsqu'il officiait à Matignon, la TP (que Mitterrand avait qualifié «d'i