La taxe carbone sera au cœur des discussions budgétaires qui démarrent demain à l'Assemblée nationale. A six semaines de la conférence de Copenhague sur le climat, Libération a interrogé le patron de GDF-Suez, Gérard Mestrallet (1).
Vous vous êtes prononcé pour une taxe carbone qui intègre l’électricité. Le Président n’ayant pas fait ce choix, que pensez-vous aujourd’hui de cette mesure ?
Je suis pour la taxe carbone, même si j'aimais bien le terme «contribution climat énergie». Le problème est qu'on assimile trop souvent l'électricité au nucléaire. Ce qui aboutit à conclure à «l'absence de carbone». Or on oublie que la production d'électricité en France génère 42 millions de tonnes de CO2 par an. Presque autant que les consommations de gaz naturel dans le secteur résidentiel (49 millions).
Mais l’électricité française, à majorité nucléaire, n’est-elle pas décarbonnée ?
Le chauffage électrique est une espèce d'exception française, qui a correspondu à une période de surcapacité électrique après la construction du parc nucléaire. Il est faux de penser que le chauffage électrique provient uniquement du nucléaire. Le chauffage électrique, on le met en route quand il fait froid, en hiver, tous en même temps : c'est ce qu'on appelle la consommation de pointe. Le nucléaire fournit l'électricité de base. Il produit toujours la même quantité. Donc, quand on branche les convecteurs, il y a une brutale hausse de la consommation d'électricité, qui n'est pas satisfaite par le nucléaire, mais par des capacités additionnelles qu'on met en route (charbon, gaz) ou qu'on importe. Et qui ont un coût en CO2 important. Si vous taxez le gaz et pas l'électricité, vous allez donc avoir un basculement du p