Sous ses dehors raides et austères, cet homme cache une grande perversion : la passion des emmerdements. Plus c'est compliqué, plus c'est miné, plus il aime. Attention ! Il faut que l'intérêt général soit en jeu, pas question de perdre son temps et son intelligence au service d'intérêts particuliers. A la tête d'EADS, Louis Gallois est servi. Le groupe aéronautique européen, qui fête ce mois-ci ses dix ans, est certes «un des plus beaux exemples de ce qu'est concrètement l'Europe», comme il dit, mais, franchement, il est aussi un concentré de tous les emmerdements possibles. Qu'on en juge : ses actionnaires sont à la fois publics (les Etats allemands et français) et privés (Lagardère et Daimler). Ses programmes vedettes, l'A 380, le plus gros avion du monde, et l'A 400M, l'avion de transport militaire de nouvelle génération, enchaînent les difficultés. Son management est empêtré dans une affaire de délits d'initié qui a conduit à la démission du patron précédent, Noël Forgeard. L'ambiance interne est détestable du fait de rivalités récurrentes entre partenaires français et allemands. Et la rocambolesque affaire Clearstream remet ces temps-ci sous les feux de la rampe deux anciens salariés du groupe, dont son ex-vice-président, Jean-Louis Gergorin, le corbeau. Comme l'a confié Gallois à un proche en arrivant, en 2006 :«EADS, c'est l'inverse de tout ce qu'on peut imaginer pour qu'une entreprise fonctionne.»
Tout le destinait à se faire broyer par la machin