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Interview

Dollar-euro, la guerre des changes

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Alors que l’euro a frôlé 1,50 dollar, Jean Pisani-Ferry, économiste, revient sur les déséquilibres monétaires mondiaux.
publié le 21 octobre 2009 à 0h00

«Le dollar est notre devise, c'est votre problème.» Cette phrase, prononcée à la face du monde en 1972 par le secrétaire au Trésor de l'administration Nixon, marquait la fin du système des changes fixes. Vingt sept ans plus tard elle semble toujours d'actualité, alors que le dollar n'en finit pas de perdre du terrain face à la devise européenne. Hier, il fallait débourser près de 1,50 dollar (1,4957 dollar exactement) pour se payer un euro. Si bien qu'Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, s'est senti obligé de déclarer que «le cours de l'euro est un désastre pour l'économie et l'industrie européenne». Entretien avec Jean Pisani-Ferry, directeur du think tank européen Bruegel.

La parité entre le dollar et l’euro est-t-elle justifiée ?

Si l’on compare le prix d’un même produit entre les deux grandes zones économiques que sont les Etats-Unis et la zone euro, il est évident que les produits «made in USA» sont meilleur marché que les européens. Cela indique une sous-évaluation du billet vert par rapport à l’euro. Cependant, en terme d’équilibre extérieur, le dollar est nettement moins sous-évalué puisque les Etats-Unis sont toujours en déficit. Mais la situation ne peut pas se juger par rapport à un seul partenaire. Ce qui compte, c’est le taux de change par rapport à toutes les autres monnaies. Et si le dollar est faible par rapport à l’euro, il est fort par rapport à la monnaie chinoise.

Comment expliquer ces déséquilibres ?

Nous sommes dans un moment atypique. Il y a coexistence de deux systèmes. D’un côté, des changes flottants pour les