Cet épisode-là enrichit la liste déjà longue des bizarreries du capitalisme à la française. Hier, à l'unanimité de ses 14 membres et presque autant de figures influentes de la vie économique hexagonale, le conseil d'administration du groupe privé Veolia Environnement a entériné le baroque : Henri Proglio, pressenti par l'Elysée pour remplacer Pierre Gadonneix à la tête de l'électricien public EDF le 23 novembre, conservera un poste clé dans le management du groupe qu'il pilote depuis neuf ans. Plus précisément, la fonction de président-directeur général de Veolia sera scindée en deux, avec d'un côté un président du conseil, poste qualifié pour l'occasion de «non exécutif» qui reste aux mains d'Henri Proglio, et un directeur général, fonction confiée à l'un des quatre barons du groupe, Antoine Frérot, actuel directeur général de la branche eau de Veolia et fidèle lieutenant du premier. Du sur-mesure. Et même de la haute couture.
Les administrateurs de Veolia expliquent sans complexe avoir renoncé à modifier les statuts de Veolia en société à conseil de surveillance et directoire, forme qui a le mérite d’établir une distinction claire entre chambre des sages et pouvoir opérationnel, pour une raison qui laisse pantois : il eût fallu convoquer une assemblée générale du groupe, autrement dit demander leur avis aux actionnaires…
Conscient que ces petits arrangements entre amis font quelque peu désordre, le conseil d'administration de Veolia a cru bon d'assortir sa décision