James K. Galbraith est professeur d'économie à la Lyndon B. Johnson School de l'université du Texas. Economiste hétérodoxe, il s'inscrit dans une longue lignée marquée par la figure mondialement reconnue de son père, John Galbraith. Comme lui, il rejette de manière radicale la plupart des apports et des méthodes de la théorie économique néo-classique. De passage à Paris, il y a trois semaines, nous l'avons longuement rencontré pour parler de son dernier ouvrage: L'Etat Prédateur (Seuil). Ou comment la droite a renoncé au marché libre. Et pourquoi la gauche devrait en faire autant. Facile d'accès, grand pédagogue, cet homme d'une cinquantaine d'années explique pourquoi la gauche serait bien inspirée de se désintoxiquer et de comprendre enfin que les marchés n'apporteront aucune solution à la crise contemporaine, à la pauvreté, aux inégalités, à la crise écologique, tous ces défis qui appellent au contraire la «planification». Du livre de Galbraith, le très médiatique prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz écrit qu'il «montre comment briser l'emprise magique des conservateurs sur les esprits de la gauche». Tout un programme.
Quelle est votre lecture de la crise?
Pour comprendre ma position, il est indispensable de remonter le temps. Nous sommes au début des années 80. Au début des années Reagan et Thatcher. Partout, c’est le triomphe du TINA, There Is No Alternarive. Leurs politiques irriguent le reste du monde: la décentralisation est