Menu
Libération

Les experts sont formels

Article réservé aux abonnés
publié le 27 octobre 2009 à 0h00

Une enquête financée par le Conseil pour la diffusion de la culture économique(Codice) cherche s'il existe un «consensus des économistes». Elle prend la forme d'une série de quatre-vingt-deux affirmations avec lesquelles on peut être d'accord ou pas selon des modalités ordonnées. L'idée vient évidemment des Etats-Unis, où une enquête similaire a été réalisée en 2006. Les résultats peuvent se révéler instructifs mais la démarche appelle plusieurs remarques.

En économie comme ailleurs, «consensus» est le nom qu'on donne à l'opinion dominante, quelle que soit la pertinence de cette opinion. Il y a toujours un coût à ne pas s'y conformer. Etienne Wasmer, l'économiste qui a conçu l'enquête française, parlait il y a peu d'«une sorte de pression intellectuelle forte» et du risque de «passer pour un dangereux altermondialiste» pour celui qui aurait préconisé «une harmonisation européenne sur la fiscalité ou sur le salaire minimum». Le consensus peut donc être oppressant lorsqu'il est une issue politique à une controverse scientifique et un instrument politique d'intimidation des scientifiques.

Ensuite, la plupart des propositions ont un caractère normatif. L'enquête ne mesure pas l'existence d'un consensus sur les thèmes, méthodes ou hypothèses, mais sur des résultats avec applications politiques directes : «Il est souhaitable de déréglementer le commerce de détail ; l'Europe devrait libéraliser davantage ses échanges pour favoriser la