Descentes de police, frontières surveillées, espions déployés et convocation de l'ambassadeur d'Italie à Berne. La Suisse et l'Italie se livrent depuis quelques semaines à une véritable guerre économique qui s'est traduite dimanche par une rupture des négociations fiscales entre les deux pays. «Nous ne souhaitons pas que la situation dégénère mais nous préparons d'éventuelles ripostes» a indiqué, menaçant, le président de la Confédération, Hans Rudolf Merz, à l'adresse du très puissant ministre de l'Economie et des Finances italien, Giulio Tremonti. C'est ce dernier qui a déclenché les hostilités en lançant la chasse aux capitaux placés illégalement hors de la péninsule.
Alors que les caisses de l'Etat italien sont vides, le gouvernement Berlusconi a adopté un nouveau «bouclier fiscal» (le troisième en huit ans) permettant aux contribuables indélicats de rapatrier les capitaux non déclarés à l'étranger, en échange du versement d'une pénalité correspondant à 5% de la somme totale. D'ici à la date limite du 15 décembre, la mesure - très critiquée par l'opposition de centre gauche, qui dénonce une prime aux fraudeurs - devrait rapporter, selon ses promoteurs, près de 5 milliards d'euros. Mais pour atteindre cet objectif ambitieux, le ministre Tremonti ne s'est pas contenté de manier la carotte. Il a aussi mis en place une traque aux titulaires italiens de comptes suisses pour les convaincre, avec les bonnes ou les mauvaises manières, de retraverser la frontière