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Libération

La Sécu, au cœur de notre identité nationale

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publié le 10 novembre 2009 à 0h00

L’Assemblée Nationale vient de voter une loi de financement de la sécurité sociale qui prévoit, pour 2010, un déficit de 30 milliards, dont la moitié rien que pour l’assurance maladie, ce qui constitue de très loin un record absolu d’écart entre les recettes et les dépenses de soins financées par la solidarité nationale. A part quelques timides propositions vite abandonnées de mieux contrôler les dépassements d’honoraires des médecins libéraux, le seul point du débat parlementaire qui ait connu un certain écho concerne la taxation des revenus des sportifs de haut niveau, mais cet écho était seulement dû à la cacophonie gouvernementale qu’il a provoquée. De fait, pas vraiment de discussion sur le fond, comme un consensus mou pour ne rien faire, laisser filer le déficit, et admettre qu’il manquera l’an prochain 15 milliards à l’assurance maladie publique pour qu’elle équilibre ses comptes.

Faut-il s’inquiéter ou se réjouir d’une telle inaction ? Un pessimiste verra dans le refus obstiné d’augmenter les prélèvements obligatoires une manière perverse de gonfler la dette, et de contraindre cyniquement les gouvernements futurs à restreindre les dépenses et à réduire le périmètre de la solidarité nationale. Un optimiste sera plutôt soulagé que le Parlement reconnaisse que le moment est mal venu pour remettre en cause le «modèle français» de protection sociale. Après tout, les dépenses d’assurance maladie n’ont pas beaucoup augmenté, et la moitié du déficit de 2009 est due à la perte