Jack Bernon est responsable du département santé de l’Agence nationale d’amélioration des conditions de travail (Anact), organisme public n’intervenant que sur demande conjointe des directions et des salariés.
Beaucoup de cabinets sont accusés de faire du «stress business» sans réellement traiter les causes du problème…
Les interventions sur la souffrance au travail sont structurées autour de trois niveaux, dont chacun est utile à condition d’être défini de façon pertinente. Le plus controversé est le niveau dit tertiaire, car considéré comme superficiel. Il consiste à intervenir en aval, notamment en écoutant la souffrance des salariés par le bais, par exemple, d’un numéro vert. Jugé gadget par beaucoup, il ne faut pas pour autant les balayer d’un revers de main. Quand les gens sont vraiment mal, il faut pouvoir agir vite, même si on reste dans l’urgence. Toute la question est de savoir si on se limite à écouter la souffrance, ou si l’on creuse, notamment par une analyse collective de ces appels anonymes, en essayant de localiser les difficultés et d’en déterminer les causes. S’il s’agit, par contre, de souscrire à un numéro vert pour se débarrasser du problème, alors c’est inutile. Tout comme les prestations qui se limitent à des stages de yoga ou à la maîtrise individuelle du stress.
Les deux autres niveaux d’intervention vont plus au fond des choses ?
Le niveau secondaire, qui concerne la formation, peut également produire le meilleur comme le pire. Si elle consiste à rendre plus fort le salarié pour qu’il devienne résistant au stress, alors on ne fait que reporter le problème. Mais si on utilise la formation comme un moyen d’accroître les compétences