Apeine ouvert, le marché postal compte déjà des victimes. Alternative Post, un petit opérateur (autour de 300 salariés sur une douzaine de sites en France), semblait hier en vilaine posture. Tout comme ses salariés, en rupture de paye depuis octobre.
Nell, Kléber, Mamadou et leurs camarades facteurs d'Ile-de-France devaient passer la nuit dans le centre de tri de Bagnolet avant de prendre la route tôt ce matin pour Vaulx-en-Velin (Rhône), siège de l'opérateur postal, où se tient un comité d'entreprise. Au lendemain du 11 novembre, ils avaient trouvé porte close et découvert que leur responsable avait reçu comme instruction, raconte Kléber, «d'embarquer le matériel informatique pour le rapporter au siège». Mais la camionnette étant en panne, le matériel est resté sur place, et du coup, il «nous a été bien utile pour tirer nos tracts».
Ainsi vont les débuts chaotiques d'un marché postal touché de plein fouet par la crise et qui ne brille guère par les initiatives des opérateurs privés. Dans les bacs en plastique relégués à la cave, selon Kléber, du courrier confié par d'honnêtes entreprises : «Canal+, Leroy Merlin, Bouygues Telecom et même la SNCF.» Pour ces plis inférieurs à 50 grammes, dont le monopole de la Poste ne prend fin que le 1er janvier 2011, Alternative Post avait trouvé une astuce afin de contourner la loi : libeller l'adresse en langage codé, une succession de chiffres et de lettres qui localisent le destinataire.
Les salariés s