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Libération

L’homme et la nature, le moi et le non-moi : émoi, émoi, émoi…

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par Corine Pelluchon, Maître de conférences en philosophie à l’université de Poitiers. «L’Autonomie brisée», PUF 2009, «la
publié le 19 novembre 2009 à 0h00

Dans trois semaines se déroulera le sommet de Copenhague consacré au réchauffement climatique. Il est question de répartir l’effort entre les pays. Le problème de la déforestation est à l’ordre du jour. Mais comment concilier les déclarations communes des présidents français et brésilien avec le projet de barrage sur le fleuve Xingu, que Lula défend alors que ses répercussions sur la forêt amazonienne, poumon de la Terre, et sur les Indiens Kayapo sont catastrophiques ? Ces contradictions, au moment où l’on affirme le caractère fondamental de l’écologie, prouvent que le problème n’est pas bien posé. La nature est considérée comme un milieu extérieur dont l’unique valeur est d’être un réservoir utile à l’homme. Or, si la nature est la source des ressources, elle n’est pas elle-même une ressource. Dans une conception de l’environnement qui explique que les réponses aux problèmes écologiques soient des réglementations, l’homme est un empire dans un empire. Il est soucieux d’écologie parce qu’il est inquiet pour son style de vie, mais il ne s’interroge pas sur son identité profonde. Y aurait-il un lien entre la manière dont le débat sur l’identité en France est confisqué et la quasi-absence de questionnement sur notre rapport aux autres espèces et aux entités comme la forêt, l’océan ou la biosphère ? Si l’on pense que l’identité est logique, le moi existe en s’opposant au non-moi. Le rapport à l’autre homme, au vivant et à la terre est un rapport de domination. Si l’identité ren