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Petit emprunt entre grands

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Michel Rocard et Alain Juppé remettent aujourd’hui leur rapport à Nicolas Sarkozy. Ils devraient recommander un investissement de 35 milliards d’euros qui ne fera pas appel aux particuliers.
par Yann Moulier-Boutang, Professeur d’économie à l’université de Compiègne, codirecteur de la revue «Multitudes».
publié le 19 novembre 2009 à 0h00

Ainsi, le grand emprunt sera modeste (de l’ordre de 35 milliards d’euros). Pas de nouveau «New Deal» en vue. Il sera technique, puisqu’il ne sera pas souscrit auprès du public, mais transitera par les investisseurs institutionnels. Personne ne pourra lui reprocher d’assécher l’épargne des ménages et de compromettre une relance par la consommation. La voie choisie, présentée aujourd’hui par Michel Rocard et Alain Juppé, les deux coprésidents de la commission du grand emprunt, à Nicolas Sarkozy, évite aussi sa transformation en référendum risqué. Malgré tout, ces milliards font hurler ceux pour qui trop de facilité de crédit engendre une dette privée et publique insupportable. De ce côté, on trouve les financiers «rigoureux». A l’opposé, des keynésiens soutiennent une politique de crédit facile à taux très bas et craignent une rechute dans la dépression tant la reprise est fragile. Ces derniers considèrent que l’on reste dans la demi-mesure.

Contrepartie. Existe-t-il un risque que cet emprunt ne soit pas souscrit ? Non. La finance n'a pas grand-chose à refuser au gouvernement. Au reste, il ne faut pas s'arrêter à la somme empruntée, mais au rapport à la contrepartie offerte par l'emprunteur. La solvabilité de la France est plutôt bonne. On se bouscule de l'étranger pour investir dans l'Hexagone. Autres questions : sera-t-il efficace ? Préparera-t-il une croissance plus dynamique au-delà du répit offert par les transferts sociaux ? Ou bien n'aura-t-on qu'un effe