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Libération

L’ardoise salée des sucriers européens ulcère la Commission

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par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 20 novembre 2009 à 0h00

Les grands sucriers européens ont monté une combine, un modèle du genre, qui doit leur permettre de piquer 300 millions d’euros dans le budget communautaire, ni vu ni connu. Le plus beau est que ce hold-up bénéficie de la complicité des gouvernements, notamment allemand, français et britannique. Le problème, car il y en a toujours un, c’est que le cave s’est rebiffé. En l’occurrence, le cave, c’est la Commission européenne, qui, pour faire capoter ce fric-frac hors du commun, a remué ciel et terre. C’est aujourd’hui, à l’issue du Conseil des ministres de l’Agriculture qui se réunit à Bruxelles, que l’on saura si elle a réussi à sauver son oseille.

Il faut savoir que le marché du sucre, dans l’Union, a vécu et vit encore largement grâce à une généreuse perfusion d’argent communautaire. Protégés de la concurrence extérieure, les sucriers sont assurés de confortables prix garantis et d’aides à l’exportation à prix dumping… Du moins jusqu’à la réforme de 2005 qui a mis fin aux excès et permet enfin aux pays les plus pauvres de la planète d’exporter leur sucre vers l’Union. En échange de la manne qui les subventionnait, les producteurs, jusqu’à cette réforme, s’acquittaient d’une «cotisation sucre» versée directement au budget communautaire et calculée annuellement en fonction des quantités et de la qualité du sucre exporté. Mais, après la campagne de 2001-2002, la Commission a changé la méthode de calcul de cette cotisation pour faire payer plus les sucriers. Furieux, ceux-ci ont