Christian Garin, président d’Armateurs de France, décrypte la crise du commerce maritime.
Comment s’est déclenchée la crise ?
Les armateurs n'ont pas vécu une, mais trois crises. La première est financière. Elle s'est traduite presque de façon positive par un arrêt de la bulle qui se créait pour des commandes de navires. A un moment, un bateau commandé à 27 millions de dollars [près de 18 millions d'euros, ndlr] pouvait être revendu 45 millions : pour un spéculateur, c'était l'espoir de doubler la mise. La crise a cassé net les commandes. Au plus fort, on comptait 150 à 180 commandes par mois. Pour les trois premiers mois de 2009, il y en a eu… une. La deuxième crise est économique : les gens ne consomment plus, donc on ne produit pas. Sont affectés : les porte-conteneurs, les pétroliers, les transports de minerais. La troisième crise va commencer. Un certain nombre d'armements ont commandé des navires, alors que le marché se retournait. Vous allez avoir trop de navires qui arrivent. En France, les armateurs attendent 75 navires neufs pour les deux prochaines années. En Allemagne : 1 750 !
Quelles sont les répercussions ?
Des entreprises ne pourront pas survivre. Problème : après une faillite d’entreprise, les bateaux restent. Le problème à l’origine de la faillite, la surabondance de navires, n’a pas été résolu. Et cela fait baisser le prix des navires et du fret. 10% de la flotte des porte-conteneurs est désarmée. Ils sont à Singapour dans la baie, 400 à 500 navires neufs qui sortent des chantiers. Une position de désarmement coûte e