Juillet 2008 à Yangshan (Chine), le plus grand port de porte-conteneurs du monde, situé à une petite centaine de kilomètres au sud de Shanghai. Depuis la passerelle du poste de commandement du Puccini, un des plus gros bateaux de la flotte CMA CGM - un mastodonte capable de transporter 70 000 tonnes de produits made in China -, la vue est imprenable. A 44 mètres de hauteur, on domine une forêt de conteneurs. A l'époque, pas l'ombre d'une crise. Juste la menace d'un ralentissement. «On devra se contenter d'une croissance de 10% cette année, ce qui reste colossal», nous confiait Frédéric Campagnac, directeur général de CMA-CGM en Chine.
Tiré par la croissance chinoise, le transport maritime a alors un drôle de niveau de vie : les prix des bateaux flambent, les carnets de commandes de porte-containeurs explosent et les taux de fret s'envolent… Le retournement du marché maritime ? «On sait bien que cette bulle va finir par éclater. Mais le groupe est très solide, on devrait en sortir plus forts que nos concurrents», assurait Campagnac.
Monsieur LoYal. Un an et demi plus tard, la photo a radicalement changé (lire ci-contre) : CMA CGM, numéro 3 mondial du fret maritime qui a grossi trop vite, est au bord du dépôt de bilan, asphyxié par une dette de 6 milliards de dollars (4 milliards d'euros).
Aujourd'hui, 63 banques ont rendez-vous à Bercy pour négocier d'arrache-pied avec la famille Saadé, propriétaire du groupe. Depuis