Jean-Pierre Lehmann, professeur d'économie à l'IMD de Lausanne et membre du think tank Evian Group, défend l'OMC.
L’OMC est-elle en danger ?
Ce n’est pas l’OMC qui est danger, mais le système multilatéral du commerce mondial. On patine depuis 2001. Nous allons de conférence en conférence. A chaque fois, on nous explique qu’on va trouver un accord qui respecte la promesse que le monde a faite au Qatar, baptisée «Programme de Doha pour le développement». Nous risquons d’ébranler quelque chose qui a considérablement contribué à la prospérité des pays membres, en particulier en Europe.
Une prospérité contestée par de nombreux observateurs…
C’est de l’idéologie. Les faits sont là. Lorsque le mur de Berlin est tombé et que la Chine ou le Vietnam ont mis en place les principes de l’économie de marché, la première chose qu’ils ont cherché à obtenir c’est de devenir membre de l’OMC. Beaucoup reste à faire pour que les pays du Sud profitent des échanges commerciaux, mais la plupart de ceux qui sont membres de l’OMC n’envisagent pas de la quitter. Il y doit bien y avoir une raison.
D’où vient le blocage ?
Du fait que les pays du Sud affirment haut et fort, à juste titre, leurs revendications. D’une certaine façon, l’OMC souffre de son succès. Du fait que les décisions ne peuvent se prendre qu’à l’unanimité. Fini le temps du Gatt, qui regroupait plus de 100 pays, mais où les décisions étaient prises par l’Europe, les Etats-Unis, le Canada et le Japon. A l’époque, les pays du Sud s’intéressaient peu à la question du commerce international.
C’est-à-dire ?
Ils ne juraient que par les stratégies d’indust