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Libération

Qui seront les gagnants de la crise ?

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publié le 1er décembre 2009 à 0h00

Quels seront les effets de la crise financière mondiale de 2007-2009 sur la répartition des richesses ? Contrairement à ce que l’on entend souvent, il est peu probable que la crise conduise à une réduction durable des inégalités. La chute des valeurs boursières et des prix immobiliers affecte certes en premier lieu les détenteurs de patrimoines. Mais ceux qui ne possèdent que leur travail sont également durement frappés par la dégradation de l’emploi. Il en va ainsi de toutes les récessions. L’effet immédiat est généralement une réduction des inégalités entre le milieu et le haut de la distribution (baisse des profits et des primes des supercadres), et un accroissement des inégalités entre le milieu et le bas de la distribution (montée du chômage). Si l’on examine maintenant les effets à moyen et à long terme, les choses sont encore plus complexes.

La crise de 1929 a, certes, été suivie d'une phase de réduction historique des inégalités dans tous les pays développés. Aux Etats-Unis, la part du revenu national captée par les 10% des revenus les plus élevés atteignait 50% en 1928. Elle s'est ensuite comprimée à 45% dans les années 1930, puis 35% dans les années 1950-1960. Il faut attendre 2007 pour retrouver - et même dépasser légèrement - le record inégalitaire de 1928. Mais il n'y a aucune raison pour que ce scénario se reproduise mécaniquement aujourd'hui. Les séries historiques que nous avons établies avec Tony Atkinson, et qui décrivent maintenant l'évolution annuelle des