Menu
Libération
TRIBUNE

Le concept Dubaï n’est pas mort

Article réservé aux abonnés
publié le 2 décembre 2009 à 0h00

Jusqu'à la semaine dernière, Dubaï était l'avenir. Par son absence de passé et son spectacle arrogant. Dubai était le XXIe siècle, à la façon d'un nouveau riche dont, toute honte bue, on pressent qu'il accèdera bientôt aux fonctions suprêmes. Le futur serait à son image, outrancier, superlatif, aussi lourd qu'une cloche de béton et aussi vaporeux qu'un mirage. Le modèle Dubai allait illuminer de ses audaces la vaste région du monde dont il est l'épicentre (d'Istanbul à Calcutta, de Moscou à Melbourne) : hypercapitalisme, spéculation et gigantisme immobiliers, consommation devenue pur loisir, tourisme en tant que rapport généralisé au monde, décret du Souverain changeant un village de pêcheurs en mégapole-parc d'attraction, station de ski et palace de luxe dans des centres commerciaux démesurés, polders imitant la mappemonde et une tour deux fois plus haute que feu les Twin Towers. Sans oublier, condition sine qua non, l'implacable féodalisme des rapports sociaux, cette stricte hiérarchie mondiale selon laquelle, ici comme ailleurs, le Bengali est manoeuvre, le Libanais négociant, l'Iranien contrebandier, le Russe expert en montages financiers plus ou moins licites et l'Américain sous-traitant de l'US Army en action à l'autre bout du Golfe, en Irak. Tandis que l'ingénieur canadien et le designer italien vivent des vies de pacha, de golf en marina.

Mieux encore : le concept Dubai nous montrait la voie. Il réconciliait l'autoritarisme politique et l'ultralibé