C'est en février qu'un paysan a dégoté les premières pépites dans le petit fleuve côtier, près de la route qui mène de la côte pacifique colombienne à Cali. La rumeur s'est propagée le long de la double voie, vidant les fermettes de planches des environs, enflant d'espoir les bidonvilles du port tout proche de Buenaventura, puis rameutant les chercheurs de tout le pays : «Il y a de l'or dans le Dagua !» Aujourd'hui, ils seraient presque 8 000 à fouiller les rives et le lit du cours d'eau, saccagé sur plus de 30 kilomètres. Adultes, adolescents, grands-pères et femmes enceintes tentent de disputer le trésor enfoui aux plus de 250 pelleteuses et dragues amenées par des mineurs plus riches.
«Avec ces engins, ils arrivent à sortir plus de 20 kilos d'or en deux jours et demi», raconte avec admiration un des orpailleurs, Carlos Candelo. Le fleuve détourné de son lit, aux bords troués de cratères boueux, est une victime indirecte de la fièvre qui s'est emparée des marchés mondiaux du précieux métal (lire ci-contre). Les fourmis qui taraudent les flancs du Dagua suivent l'évolution des cours jour après jour.
Dortoirs. Sous les bâches noires qui servent de dortoirs aux travailleurs ou de bureaux aux acheteurs, le gramme d'or a encore gagné 3 000 pesos ces deux dernières semaines, à 55 000 pesos (18,40 euros) - plus de deux journées de salaire minimum. La prostitution et les morts dus aux disputes ou aux éboulements semblent un moindre mal dans cette r