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Libération

En Italie, 2 900 parties civiles contre l’amiante

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publié le 11 décembre 2009 à 0h00

«Basta amianto ! Strage Eternit : giustizia !» Sur les drapeaux italiens, de grands portraits en noir et blanc avec, sur chacun, le prénom, l'âge et la mention «mort d'amiante» pour les Français venus de Dunkerque, des Ardennes, de Lorraine et de Loire-Atlantique. De longs tracts et des portraits aussi pour les Suisses, une grande banderole pour les Belges : hier matin, le palais de justice de Turin avait des allures de Babel européenne pour l'ouverture du plus grand procès jamais organisé sur l'amiante, le premier au pénal en Europe. Quatre usines italiennes Eternit (Casale Monferrato, Cavagnolo, Bagnoli et Rubiera), 2 900 parties civiles et deux prévenus : le magnat suisse Stephan Schmidheiny, ex-propriétaire du groupe de matériaux de construction Eternit, aujourd'hui ripoliné en gourou écolo, et le baron belge Jean-Louis Marie Ghislain de Cartier, ex-haut dirigeant de la firme. Ils comparaissent pour avoir provoqué une catastrophe sanitaire (2 200 morts, dont 1 600 à Casale, et plusieurs centaines de malades) intentionnellement et enfreint les règles de sécurité au travail.

Le procès, qui s'étalera sur 2010, clôt trente ans de combat pour les victimes italiennes. «Pour moi, la lutte a commencé en 1982», raconte Romana Blasotti, la fondatrice de l'association des familles de victimes de Casale Monferrato, «lorsque mon mari, qui travaillait à l'usine Eternit, est tombé malade». Un mésothéliome de la plèvre, le cancer que seul provoque la poussière