Les chiffres sont nets : après plus d’un an de crise aiguë, la France traverse l’épreuve mieux que ses voisins européens. Le recul de la production est moins marqué, la consommation résiste et le pouvoir d’achat diminue moins qu’ailleurs, même si le chômage et la précarité sont des sources cruelles de souffrance sociale. On dira que les structures françaises, moins sensibles que d’autres à la conjoncture internationale, expliquent cette très relative réussite, et non la politique suivie par le gouvernement. Soyons honnêtes : si les résultats étaient inverses, n’aurait-on pas mis en cause avec virulence l’impéritie sarkozienne ? Mieux vaut remarquer que c’est - entre autres facteurs - l’efficacité de l’Etat-providence, héritage de tant de luttes sociales, qui a permis au gouvernement de concentrer sa relance sur l’investissement sans sacrifier totalement le pouvoir d’achat. La droite use habilement d’un acquis de la gauche : c’est un hommage implicite dont on ne peut pas se plaindre.
Les Français, notre sondage le montre, n’en conçoivent en tout cas aucune satisfaction. Ce décalage interpelle le Président. Si on ne lui fait pas crédit pour sa politique alors que ses résultats sont meilleurs qu’ailleurs, c’est peut-être qu’elle est perçue non comme inefficace mais comme injuste. Pour l’opinion, la finance est la principale bénéficiaire du sauvetage. La lutte contre l’inégalité n’était pas au programme du candidat Sarkozy. On ne la retrouve pas plus dans sa politique anticrise.