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Interview

«La France s’en sort car elle s’est désindustrialisée»

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Une relance inutile. Pour Patrick Artus, le plan n’a pas été décisif.
publié le 14 décembre 2009 à 0h00

Patrick Artus est directeur de la recherche et des études chez Natixis. Pour lui, ce sont paradoxalement les faiblesses structurelles de l’économie françaises qui l’ont protégée.

Le plan de relance français est-il comparable à ce qui s’est fait ailleurs ?

Non. La plupart des pays de l’OCDE, comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, ont procédé à des relances massives basées sur un fort subventionnement des ménages. En France, le transfert de revenus aux ménages n’a été que de deux points contre huit outre-Atlantique. Le fait que la France soit (avec les Etats-Unis) un des pays qui s’en sort le mieux , avec un recul du PIB de - 2,5 % en 2009 contre - 4 % à - 5 % ailleurs, a d’autres explications.

Lesquelles?

L’économie française est moins cyclique que ses voisines, plus centrée sur son marché intérieur, moins dépendante de l’extérieur. Alors que l’industrie a été touchée de plein fouet avec un effondrement de la demande en biens d’équipement partout dans le monde, la désindustrialisation de la France et le déclin de son commerce extérieur l’ont préservée des dégringolades notées ailleurs. L’emploi industriel ne s’élève qu’à 12 % contre plus de 20 % en Allemagne, les exportations représentent 22 % du PIB contre 50 % en Allemagne. Plus tournée vers les services, moins sensible à la conjoncture, la France a connu un choc moins fort.

D’autres facteurs d’explication ?

Le caractère peu concurrentiel du marché du travail en France a eu