Menu
Libération
Interview

«Il faut faire attention aux opérations marketing»

Article réservé aux abonnés
El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, explique le phénomène minoritaire des relocalisations :
publié le 24 décembre 2009 à 0h00

El Mouhoub Mouhoud est professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine. Il est l'auteur du livre Mondialisation et délocalisation des entreprises (1).

Observez-vous un phénomène de relocalisation ?

Les relocalisations existent depuis la fin des années 70. Ce n’est pas du tout nouveau et ça reste minoritaire. Il faut faire attention aux opérations marketing sur ce sujet. Un opticien a par exemple fait une superbe publicité sur la relocalisation dans le Jura de sa production chinoise. En réalité, la sous-traitance rapatriée ne représente qu’une partie très faible de la production sous-traitée.

A quoi correspond la volonté de relocaliser ?

La délocalisation pose plusieurs problèmes. D’abord, il vous est impossible de répondre à la variabilité de la demande en termes de réassort et de délais. Or, on observe un raccourcissement des cycles de vie des produits. Les fabricants font des petites séries qui changent en trois semaines. En délocalisant, les entreprises perdent leur flexibilité. Il y a un deuxième aspect lié à l’imperfection du produit final. C’est ce qui a poussé les Taxis bleus à rapatrier leurs centres d’appels en France. Ce qu’ils avaient gagné en coût de main-d’œuvre, ils l’ont perdu en parts de marché. Enfin, la délocalisation permet de faire assembler des morceaux de production intensifs en travail dans des pays à bas salaires. Mais si l’entreprise fait le choix d’automatiser sa production, elle peut économiser les coûts de main-d’œuvre. Une partie des relocalisations est liée à cette robotisation. D’autant qu’en relocalisant, vous gagnez en coû