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Libération

Le nucléaire français atomisé par Abou Dhabi

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Le ratage d’un colossal contrat avec l’émirat met un coup de projecteur sur les luttes intestines de la filière. Avec un duel : Henri Proglio, pressant patron d’EDF, et Anne Lauvergeon, PDG d’Areva malmenée.
publié le 29 décembre 2009 à 0h00

Rarement échec commercial aura eu autant de signification pour une industrie toute entière. La perte, dimanche, d'un énorme contrat nucléaire à Abou Dhabi au profit des Sud-Coréens (1) représente bien plus que 40 milliards de dollars (27,7 milliards d'euros) de manque à gagner pour la filière nucléaire française, regroupée pour l'occasion dans un consortium EDF, GDF Suez, Areva, Total (Libération d'hier). Elle marque la fin d'une époque. Et donne le coup d'envoi d'une réorganisation du secteur qui va voir les egos et les ambitions s'entrechoquer. Des luttes d'influence qui devraient connaître leur climax dans les six prochains mois via le groupe de travail récemment mis en place, à la demande de l'Elysée, par François Roussely, ex-patron d'EDF, afin de monter une dream team du nucléaire à la française.

Trop tard. Pour faire simple, ils sont une poignée en France à vouloir se partager le gâteau peut-être (re)naissant du nucléaire mondial, une énergie remise au goût du jour par la lutte contre le réchauffement climatique : EDF, GDF Suez, Areva, Total, voire Alstom. L'échec d'Abou Dhabi affecte d'abord GDF Suez : c'est en effet le groupe de Gérard Mestrallet qui était initialement l'exploitant prévu dans le deal. Mais les autorités de l'émirat, peu rassurées par la faible expérience du groupe en la matière (il n'exploite «que» les sept réacteurs belges) ont exigé qu'EDF, plus crédible à leurs yeux (il exploite, lui, les 58 réacteurs français),