Tous les matins, des centaines d’ouvriers en uniforme orange fluo envahissent les rues de Quellón. Cette petite ville de 30 000 habitants à la pointe australe de l’île de Chiloé, à 1 200 km au sud de Santiago, n’aura jamais été aussi propre. Les femmes de Quellón balaient, astiquent et plantent, grâce à des emplois d’urgence temporaires, créés par le gouvernement. Il y a encore un an et demi, elles écaillaient, éviscéraient, retiraient à toute vitesse les arêtes des saumons dans la petite dizaine d’usines de transformation de la ville, épicentre de l’industrie, pour le double de leur salaire actuel (180 euros net).
«Exponentielle». Mais l'or rose s'est tari. Depuis plus d'un an, l'industrie du saumon connaît sa crise la plus noire depuis sa naissance dans les années 80, sous l'impulsion de l'ex-dictateur Augusto Pinochet. En 2009, la production de la troisième industrie chilienne (après le cuivre et la pâte à papier) a chuté de moitié. Dans la région de Puerto Montt et Chiloé, où l'industrie concentrait 80% de ses activités, la plupart des «fermes à saumons» sont à l'abandon, les usines de transformation tournent au ralenti ou sont fermées, laissant sur la paille plus de 50 000 travailleurs directs et indirects.
Qu’est-ce qui a provoqué la dégringolade d’une activité qui battait tous les records en 2008, en produisant 650 000 tonnes de saumon pour un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars ? Un virus. L’anémie infectieuse du saumon (AIS).
En juillet 2007