Onze heures hier sur le site Hymer France de Cernay (Haut-Rhin), qui produit des caravanes et des fourgons aménagés. Echarpe CFDT autour du cou, Antoine Dugo déboule dans le local du comité d'entreprise (CE). Le délégué syndical soupire, mélange de soulagement et de lassitude. Plus de quarante jours de lutte, ça use. Mais les nouvelles sont bonnes : les représentants du personnel ont obtenu une réunion en présence des dirigeants de leur maison mère, l'allemand Hymer AG, spécialiste des véhicules de loisir. La première depuis que leur usine a été placée en redressement judiciaire, fin novembre. A 100 mètres du CE, une caravane blanche est entourée d'un bûcher de palettes surmonté d'un sapin de Noël. Lundi, les 190 salariés avaient menacé de la brûler sous quarante-huit heures s'ils n'obtenaient pas de nouvelles de leur actionnaire. Pour prouver leur détermination, ils avaient mis le feu au mobilier retiré de six fourgons, désossés afin de faire monter la pression. L'annonce de la réunion offre un sursis à la caravane. «Sa mise à feu est suspendue», a-t-il été décidé hier.
«Chauds». Les volontaires défilent dans le local du CE pour s'inscrire aux prochains tours de garde. Depuis six semaines, ils surveillent jour et nuit le stock de véhicules finis. «Si on laisse le portail ouvert, ils n'ont plus qu'à se servir», constate Roberto, 42 ans. A l'extérieur de l'enceinte, l'amertume se lit sur une banderole qui ironise sur «l'amitié franco-alle