«C'est se foutre du monde» : Alain Juppé résume ce que tous les élus locaux pensent de la suppression de la taxe professionnelle (TP) initiée par le président de la République. Nul ne le conteste, la TP est un mauvais impôt. Depuis sa création, en 1975, pour remplacer la patente, elle a été modifiée par 68 textes législatifs différents sans jamais trouver son équilibre. Son principal défaut est de pénaliser l'activité économique. C'est un impôt dû par les entreprises, d'un montant élevé, qui joue comme un second impôt sur les sociétés. Un impôt très concentré : assise sur les immobilisations, la TP est un impôt «anti-investissement» qui pénalise les entreprises à forte intensité capitalistique ; les entreprises industrielles paient ainsi les deux tiers de la TP, alors qu'elles représentent le quart du chiffre d'affaires des entreprises établies en France. Un impôt stable : indépendant de la conjoncture, il pèse fortement en période de crise ; surtout, indépendant des bénéfices, il est intégré comme une charge fixe dans les projets d'investissement, grevant leur rentabilité, et constitue à ce titre un handicap pour l'attractivité du «territoire France».
Mais la taxe professionnelle a un point fort : le financement des collectivités locales. C’est une ressource essentielle : elle leur apporte 29 milliards d’euros, soit 44% de la fiscalité locale. Une ressource stable : la TP est peu sensible aux variations de l’activité économique. Une ressource dynamique : elle a enco